Antoine Poupel
Dans mon travail, je joue avec les contraires. J’organise les rencontres entre les structures et le fluide, entre l’érotique et le voilé, entre le macabre et la jouissance, entre le religieux et la transgression, entre le machinique et la chair, entre l’humain et l’animal.
Je crée des images à partir d’éléments obsessionnels, la mort, l’érotisme, la religion, à travers le corps (vivant, mort, ou représenté), l’histoire de l’art (hommage), les rituels (religieux, amoureux), les manipulations chimiques ou numériques.
La transformation des images, nécessite un déplacement physique du regardeur pour scruter l’image, j’aime que le spectateur se perde parfois, et se pose une question :
Qu’est-ce que je vois ?
Pour cette exposition, nous avons choisi ma dernière série d’œuvres ayant pour sujet, mon hommage à Sam Sazfran, et des images de ma série saison 5 réalisée au Japon avec l’aide de Chanel KK. Le Japon terre d’animisme, a un rapport à la nature teintée de spiritualité, de mystère, d’illuminations, de méditations. Dans ce travail j’ai voulu faire ressentir ces sentiments magiques.
Mon voisin Sam Szafran (1934-2019) était un homme, un artiste, un ami extraordinaire.
Nous déjeunions souvent ensemble, et nous avions convenu de faire son portrait.
Plus préoccupés par nos moments amicaux partagés à parler de notre vie, de nos parcours, de l’actualité, que de figer un instant ; le temps est passé trop vite. Sam a tiré sa révérence, et c’est sa tombe que j’ai photographiée.
Lors d’une visite à sa veuve Lilette, pris de regrets de n’avoir aucun souvenir en images de l’ami Sam, me retrouvant dans son atelier, le désir de photographier ce lieu m’envahit. C’est un univers chargé, magique, que l’on retrouve dans la plupart de ses tableaux : escaliers sans fins, végétation exubérante, nombreux chevalets et centaines de pastels. J’ai pris des centaines de photos de son atelier, lieu précieux où se loge sa présence.
Sam Szafran était considéré comme le plus grand pastelliste français.
Ce fut un grand honneur, et beaucoup d’émotion, lorsque Lilette m’autorisa à venir travailler dans l’atelier de Sam et surtout à utiliser ses pastels.
J’ai travaillé mes images en y apposant des traces avec ses pastels. J’entendais ainsi poursuivre notre lien amical, nous retrouver unis dans mon travail, rendre hommage à Sam…lui donnant une présence colorée, et vivante…
En 2022 une rétrospective de Sam Sazfran a eu lieu à l’Orangerie Paris.
Antoine Poupel
87X130 cm
63X85 cm
63X85 cm